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Rantigny dans la grande guerre

La commune de Rantigny, industrielle, recense 1381 habitants en 1911. La commune subit l’invasion allemande le 2 septembre 1914 puis une courte occupation jusqu’au lenedmain. Durant cette incursion, les Allemands prennent des civils en otage afin de les utiliser comme bouclier humain et incendie l’usine de chaussures Legrand. Libérée, la commune devient un lieu de cantonnement es troupes françaises jusqu’en 1918.

 La manufacture Legrand incendiée.

Liste des morts civils pour la commune de Rantigny

Gélée Victor Remus

47 ans. Fils de Joseph Edouard Gelée et d’Antoinette Mélanie Piétrequin, il est né le 17 février 1868 à Agnetz. Bûcheron domicilié à Liancourt, il est ajourné pour faiblesse en 1889 puis déclaré bon pour le service militaire en 1890. Il est incorporé le 15 novembre de la même année au 8e Bataillon de Chasseurs à Pied er reçoit un certificat de bonne conduite à la fin de son temps, puis rentre dans ses foyers le 19 septembre 1892. De passage à Creil le 2 septembre 1914, il est noté « fusillé par les Allemands lors de l’incursion ennemie » Allemands (AD60 RP805). Le tome 1 des Rapports et procès-verbaux d’enquête de la commission instituée en vue de constater les actes commis par l’ennemi en violation du droit des gens (1915) indique que des soldats allemands présents place Carnot font feu sur lui et le tue tandis, de l’autre côté de l’Oise, il tente de se sauver. Son acte de décès est dressé le 16 septembre 1914. La mention Mort pour la France lui est attribuée le 2 novembre 1915. Son nom figure sur les monuments aux morts de Rantigny et de Liancourt.

 

Marthe Petit
Originaire d’Hamégicourt, rapatriée en 1917, venue à Rantigny rejoindre son vieux père, elle est blessée par une bombe d’avion près de son père qui, lui aussi, fut blessé. Conduite à Clermont, elle décède des suites de ses blessures en juillet 1918.

 

 

Liste des morts civils pour la commune de Rotangy

Lebesgue M.
Tué dans un bombardement de sa maison dans la nuit du 2 au 3 juin 1918.

 
   

 

Sempigny PENDANT LA GRANDE GUERRE

Sempigny connaît l'invasion allemande le 30 août 1914 puis une longue occupation de trente mois. Dès les premiers jours, les hommes en âge de prendre les armes sont arrêtés et déportés en Allemagne dans des camps.
Les habitants de la commune sont évacués lors de l'opération Alberich soit pour être réunis à Noyon, soit pour être déportés vers le Nord de la France et la Belgique. Les Allemands pratiquent alors la politique de la terre brûlée et détruisent les maisons pour les rendre inhabitables.
 Le pont en 1917.

La commune redevient française du 28 mars 1917 au 25 mars 1918, le Noyonnais subissant une nouvelle offensive particulièrement destructrice. La population ayant reçu l'ordre d'évacuation a quitté la commune dès le 23 mars.

 La mairie en 1918.

Sempigny ne sera libéré que le 25 août 1918 après une reconquête difficile par les Français. La commune reçoit la Croix de Guerre en 1921.

Liste des morts civils pour la commune de Sempigny

Baudry Achille
43 ans, victime civile, mort en captivité à Soltau (province d’Hanovre) le 17 décembre 19..

 

Décarnelle Gaston
18 ans, prisonnier civil, mort pour la France en captivité à Havelange (Belgique) le 21 novembre 1918.

 

Démarez Marie Adèle Emilie
Née à Cuise-la-Motte le 7 avril 1846, notée venant de Sempigny, elle décède le 21 mars 1915 à Noyon (AD60 Rp1933).

 

Hénet Marcel
20 ans, victime civile, mort pour la France des suites de captivité le 10 octobre 1921.

 
   

 

 

Savignies DURANT LA GRANDE GUERRE

La commune de Savignies connaît une incursion allemande le 16 septembre 1914 lorsqu’elle est traversée par un commando allemand en automobile chargé de faire sauter le viaduc ferroviaire d’Oissel. Le beau-frère du propriétaire de la ferme du Moulin est tué lors de cette incursion.

La commune devient ensuite un lieu de cantonnement et d’exercice pour les troupes françaises jusqu’à la fin de la guerre.

 La mairie de Savignies.

Liste des morts civils pour la commune de Savignies

Bertin Constantin
Propriétaire de la ferme du Moulin, tué de deux balles le 16 septembre 1914 par des soldats français lors du raid allemand de Tilling.

 
   

 

Liste des morts civils pour la commune de Senlis

Aubert Romuald Emile
52 ans, ouvrier mégissier, clairon des pompiers, otage fusillé à Chamant le 2 septembre 1914 et enterré sur place. Son corps est exhumé le 12 septembre 1914 et ramené à Senlis.
Son nom figure sur la stèle des otages érigée à Chamant le 4 septembre 1927.



 

Barbier Jean Stanislas
66 ans, charretier, vétéran de la guerre de 1870, marié à Marie Landru. Il est arrêté rue des Jardiniers tandis qu’il allait donner à manger aux chevaux de son patron, M. Herbet. Pris en otage, il est  fusillé à Chamant le 2 septembre 1914 et enterré sur place. Son corps est exhumé le 12 septembre 1914 et ramené à Senlis. Son nom figure sur la stèle des otages érigée à Chamant le 4 septembre 1927.

 

Barblu Jules
52 ans, charretier, enseveli sous sa maison incendiée rue du Temple. Né le 10 février 1862 à Senlis, fils de Jean-Baptiste Alfred Barblu et de Françoise Félicité Lemaire, ce jardinier fait son service militaire de 1883 à 1887 au 91e Régiment d’Infanterie. Il est libéré du service militaire le 1er octobre 1908 après avoir effectué ses périodes d’instructions au 54e Régiment d’Infanterie et au 13e Régiment Territorial d’Infanterie à Compiègne.

 

Barblu Louise, née Maquin
46 ans, ensevelie sous sa maison incendiée rue du Temple.

 

Boulanger Léon François Etienne
63 ans, gardien du cimetière, tué devant sa porte.

 

Chambellant Louis
59 ans, maraîcher, il est mortellement blessé le 2 septembre 1914 par des balles allemandes tandis qu’il regarde l’incendie du magasin à fourrages. Touché à la main droite et au-dessous de l’aine, il décède huit jours plus tard.

 

Chéry Lucien
Vidangeur né à Senlis le 15 novembre 1870, tué au coin de la rue de République et de la rue de Meaux en rentrant chez lui.

 

Cottereau Arthur Lucien
17 ans, garçon de café, otage fusillé à Chamant le 2 septembre 1914 et enterré sur place. Son corps est exhumé le 12 septembre 1914 et ramené à Senlis. Son nom figure sur la stèle des otages érigée à Chamant le 4 septembre 1927. Il est aussi noté « Cottrau ».

 

Dacheux Adèle
70 ans, veuve Mondou, ménagère, paralytique, meurt dans l’incendie de sa maison impasse Saint-Martin le 2 septembre 1914.

 

Dewerdt Pierre
45 ans, chauffeur (noté aussi ouvrier de la scierie), otage fusillé à Chamant le 2 septembre 1914 et enterré sur place. Son corps est exhumé le 12 septembre 1914 et ramené à Senlis. Son nom figure sur la stèle des otages érigée à Chamant le 4 septembre 1927. On note aussi Dewert.

 

Dropsit Adrien Désiré
46 ans, ouvrier maçon et pompier, tué par un éclat d’obus sur la place devant la mairie lors du bombardement du 2 septembre 1914, vers 13h30.

 

Eckès Henri
32 ans, manouvrier de Meaux, tué devant l’hôpital le 2 septembre 1914. Il est le beau-frère de Louis Simon.
On note aussi Ecker.

 

 

Gaudet Eugène
48 ans, blanchisseur, est tué le 2 septembre 1914 par des balles allemandes tandis qu’il regarde l’incendie du magasin à fourrages mis en feu lors de leur retrait par les troupes françaises.

 

Jandin Louis Alfred
34 ans, né à Chamant le 3 octobre 1880, boulanger à Senlis, il est arrêté sur la route par le 49e régiment pémoranien d’infanterie. Il est retrouvé mort à Villers-Saint-Frambourg le 3 septembre 1914, attaché à un poteau de pâture, le corps lardé de coups de baïonnettes.

 

Keith Aloys
Beau-père du cafetier M. Simon assassiné à Senlis, il est trouvé grièvement blessé à Pontarmé le 2 septembre 1914 comme le narre Loup Bertroz dans son ouvrage Senlis pendant l’invasion allemande de 1914 (voir Simon) : « Cependant, M. Keith, placé en avant de la patrouille fut conduit sur la route de Pontarmé. C’est dans ce village que, peu après, une ambulance française le trouva très grièvement blessé. Trop faible pour raconter ce qui s’est passé, M. Keith fut transporté à l’hôpital Lariboisière, à Paris. Il y succomba après dix jours de souffrances terribles. On pense que, blessé, il aura voulu gagner Survilliers pour, de là, prendre un train à destination de Paris, mais que la fatigue et la douleur l’auront arrêté. »

 

Leblond Alexandre
Maçon, abattu route de Chantilly le 2 septembre 1914.

 

Lescot Denise
4 mois, enfant carbonisée à Senlis.

 

Levasseur Jules
22 ans,
manouvrier, tué par une balle française devant l’hôpital le 2 septembre 1914 tandis qu’il portait secours à M. Minouflet, blessé. Fait prisonnier avec M. Minouflet et M. Leymarie, il avait été placé devant la troupe allemande en guise de bouclier humain.

 

Leymarie Georges
19 ans, mécanicien dentiste, tué par une balle française devant l’hôpital le 2 septembre 1914. Fait prisonnier avec M. Minouflet et M. Levasseur, il avait été placé devant la troupe allemande en guise de bouclier humain.

 

Ligault
70 ans, manouvrier.

 

Mégret Gabriel
52 ans, exploitant d’un établissement de bains rue Vieille-de-Paris, tué devant sa maison le 2 septembre 1914 d’une balle en pleine poitrine.

 

Momus Ernest
Pensionnaire de l’hôpital de Senlis, il est abattu le 2 septembre 1914 par un officier allemand blessé.
Sœur Losseau, supérieure de l’hôpital Saint-Lazare témoignera : « Dès l’arrivée des troupes ennemies, pendant le combat, un officier de uhlans, en rentrant chez nous, a tué d’un coup de revolver un hospitalisé civil qui était presque idiot. Cet officier était légèrement blessé. Il paraissait très surexcité. Je me suis avancé et me suis efforcée de le calmer. On l’a pansé ; un major français s’est expliqué avec lui et lui a fait constater que des blessés allemands étaient soignés à l’hôpital. Après avoir passé une demi-heure environ étendu sur un lit, l’officier allemand s’est retiré. L’hospitalisé qu’il a tué s’appelait Momus. »

 

Mounier
45 ans, manouvrier

 

Odent René Eugène
René Eugène Odent est né le 25 août 1855 à Senlis, fils de Jean Henri Odent (1826-1911), marchand de bois, et d’Elise Joséphine Sagny (1832-1899). Son grand-père Jean Odent (1770-1846) a été nommé maire du 28 juin 1837 au 6 août 1843 et fait chevalier de la Légion d’honneur en 1837. Son père, Henri, est élu conseiller municipal de Senlis en 1860, nommé adjoint le 15 août 1865 et est nommé maire du 28 avril 1869 au 5 octobre 1878, période durant laquelle il doit face à l’occupation prussienne de 1870-1871. Il est aussi nommé Chevalier de la Légion d’honneur en 1872. Marié à Marie Odent (1865-1936), fille du président du Tribunal de Montdidier, et père de deux filles, Cécile (1890-1975) et Antoinette (1899-1944), Eugène Odent est noté industriel puis propriétaire demeurant au faubourg Saint-Martin. Il est à son tour élu maire de Senlis le 14 juin 1912.

Arrêté par les Allemands le 2 septembre 1914 vers 16h00, il est conduit à l’Hôtel du Grand Cerf avec MM. Boulet et Debressy. Il est ensuite emmené dans le village de Chamant où on lui annonce qu'il va être passé par les armes. Il est fusillé dans l’exercice de ses fonctions à Chamant par les Allemands le 2 septembre 1914 et inhumé sur place au lieudit « Le Poteau », son corps sera exhumé le 12 septembre suivant pour recevoir une sépulture définitive dans le caveau familial de Senlis en avril 1919 au cours d'une cérémonie solennelle. Le Journal Officiel le cite le 24 janvier 1915 : « Pris comme otage, tué à l’ennemi dans l’exercice de ses fonctions, chevalier de la Légion d’honneur, officiel du 9 octobre 1909) ». Le livre du Tableau d’honneur 14-18 indique : « Ne voulut pas quitter son poste, malgré l’abandon de sa ville par la plupart des autorités et des notables. Seul à la mairie lors de l’arrivée des Allemands, il fut emmené en otage, brutalisé et assassiné sans jugement. – « Les troupes françaises avaient tiré ! » on le rendit responsable de cet acte ».
Eugène Odent est fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume par décret du 6 octobre 1919. La même année, le Guide Michelin sur l’Ourcq (Chantilly - Senlis - Meaux) publia le récit relatant ses derniers instants : « (...)  Quand les Allemands pénétrèrent dans Senlis, un officier supérieur se rendit à l’hôtel de ville et fit demander le “bourgmestre”. Le maire, M. Odent, se présenta (...) Le maire reçoit les reproches véhéments de l‘officier au sujet de l’aspect désert de la ville - à peine 1 000 habitants sur 7 000 sont restés et pendant le bombardement, les maisons et boutiques se sont fermées - on lui fait également grief de l’absence de proclamations invitant les habitants à déposer leurs armes à la mairie et à n’offrir aucune résistance... M. Odent invoque la rapidité des événements, les habitudes pacifiques de la vieille cité. Il est néanmoins conduit à l’hôtel du Grand -Cerf où se tient l’état-major. Presque aussitôt, les premiers coups de feu tirés par l’arrière-garde française partent du bas de la ville. L’officier furieux déclare au maire qu’il le rend responsable et que sa tête répond de la vie des soldats allemands. Le secrétaire de la mairie propose à M. Odent d’aller chercher les adjoints, mais il refuse, disant : « Ce sera assez d’une victime. » Du Grand-Cerf, l’otage résigné est transporté à Chamant. Il est brutalisé, on lui arrache ses gants pour les lui jeter au visage, on lui prend sa canne et on l’en frappe violemment à la tête (...). En compagnie de quelques autres otages, M. Odent passe plusieurs heures dans l’attente cruelle du destin. (...) [Les Allemands] le préviennent qu’il va être fusillé. M. Odent revient alors vers ses compagnons de captivité, leur remet ses papiers et son argent, leur serre la main et, très dignement, leur fait ses adieux. Il retourne ensuite auprès des officiers. Sur l’ordre de ceux-ci, deux soldats l’entraînent à une dizaine de mètres et lui mettent deux balles dans la tête. Le sol, hâtivement creusé, reçoit le corps sous une couche de terre si mince que ses pieds n’en sont pas recouverts. (...) Quelques heures avant la mort du maire, un groupe de six autres otages avait été fusillé et enterré dans le même champ. »
Son nom est gravé sur le monument aux morts de la ville de Senlis, sur une plaque commémorative dans la cathédrale de Senlis et sur une stèle à Chamant. Une rue de Senlis rend hommage aux trois maires Odent de la ville. De nombreuses cartes postales et ouvrages publiés durant la guerre évoquent le sort d’Eugène Odent élevé comme symbole national de la barbarie allemande.
Son nom figure sur la stèle des otages érigée à Chamant le 4 septembre 1927.

 

Pommier Jean-Baptiste Elysée
67 ans, garçon-boucher (noté aussi boulanger), otage fusillé à Chamant le 2 septembre 1914.
Son nom figure sur la stèle des otages érigée à Chamant le 4 septembre 1927.

 

Rigault Arthur
61 ans, tailleur de pierres, otage fusillé à Chamant le 2 septembre 1914 et enterré sur place. Son corps est exhumé le 12 septembre 1914 et ramené à Senlis. Son nom figure sur la stèle des otages érigée à Chamant le 4 septembre 1927.

 

Rigault Louis André
54 ans, né le 17 mars 1840 à Orry-la-Ville, tué lors du combat de la rue de la République.

 

Simon Louis
36 ans, débitant du café « Point du Jour », tué devant sa maison le 2 septembre 1914.

Dans son ouvrage Senlis pendant l’invasion allemande 1914, Loup Bertroz livre ce témoignage : « Le 2 septembre, vers 3 heures de l’après-midi, une dizaine de soldats font irruption dans le café-débit de tabac exploité par M. Simon, situé place Saint-Martin, à l’angle des rues de la République et Vieille-de-Paris. M. Simon terminait à ce moment son déjeuner, en compagnie de son beau-père, M. Keith.
- A boire ! commandent ces brutes dans les yeux desquels se lit déjà la lueur de l’ivresse ; à boire !
Simon se précipité pour les servir ; et pendant que les uns s’abreuvent largement, les autres s’emparent du tabac et pillent les marchandises d’épicerie qui se trouvaient dans le magasin.
- A boire ! à boire ! encore et toujours !
Il n’y a plus de vin tiré. M. Simon fait descendre à la cave son beau-père et le garçon de café, on remonte des bouteilles de bordeaux. La chaleur du Saint-Emilion réveille ces forcenés qui déjà somnolaient.
- Du vin ! et plus vite !
Et comme le service leur semble long et mal fait à leur gré, ils saisissent violemment par le bras MM. Simon, Keith et le garçon.
- Vous avoir tiré sur nous ! vous fusillé !
Simon proteste, très dignement. Jamais il n’a tiré, et d’ailleurs, il n’y a jamais d’armes chez lui, ce point important nous a été confirmé par Mme Simon, elle-même. En réalité, des soldats français tirailleurs algériens ou zouaves, on ne sait au juste, les deux peut-être, embusqués derrière des maisons de la place Saint-Martin, avaient tiré sur la patrouille allemande. Simon n’eut pas à protester davantage de son innocence ; mis au mur, il fut exécuté sans jugement et mourut sur le coup. Il était à ce moment 4 heures de l’après-midi.
Le garçon de café, lui, avait pu s’échapper ».
(voir aussi Gouvieux)