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LES VICTIMES DE BOMBARDEMENTS



Durant les premiers mois de guerre, que ce soit pendant la guerre de mouvement ou la guerre de position, les tirs d’artillerie ont pu tuer des civils sans intention réelle de les tuer. Avec la fixation du front, les belligérants des deux camps évacuèrent les populations prises sous le feu des canons. La situation changea au cours de 1915 lorsque l’artillerie à longue portée tira sur les villes de l’arrière avec des objectifs militaires (gares, routes, dépôts), relayée bientôt, par l’aviation laquelle, se spécialisant, envoya des avions bombardiers jeter des bombes et des torpilles.

Les civils devinrent un objectif militaire lorsque l’Allemagne décida de mener une guerre totale, notamment psychologique, en bombardant de grandes villes et plus particulièrement la capitale. Courant 1918, tout le département de l’Oise connu des bombardements aveugles notamment lors de raids aériens particulièrement destructeurs.


Maison en ruines rue Edith Cavell à Creil après un bombardement allemand en 1918.

Les victimes du front

Dès le début de l’invasion du département, les civils pris dans la tourmente de la ruée allemande furent victimes des bombardements par l’artillerie. Le Valois, et plus particulièrement la ville de Senlis, fut la proie des obus qui tuèrent des habitants lors de leur éclatement ou à la suite d’incendie. Avec la fixation du front, le Noyonnais et le Compiègnois subirent des bombardements parfois meurtriers.

Côté allemand, les habitations des villages du front furent la cible des artilleurs français qui cherchaient à détruire les protections et abris qu’elles offraient aux soldats allemands provoquant des victimes parmi les civils demeurés sur place soit en tant qu’habitants, soit en tant que réfugiés. Ces événements touchant des personnes connues dans le village purent faire l’objet de retranscriptions par des témoins mais l’état-civil ne permet pas de corroborer l’information. Le nombre de ces victimes civiles est cependant difficile à établir par manque de précisions dans les registres d’état civil et, souvent, le seul recoupement des actes de décès avec les récits de civils retranscrits dans des historiques ou des carnets de guerre permet d’identifier quelques noms.

Le témoignage de Sœur Saint-Eleuthère, infirmière à l’hôpital civil est à ce titre essentiel. Ainsi, dans ses carnets de guerre, elle rapporte un fait de guerre qui provoqua plusieurs victimes à Pimprez : « 12 novembre 1914. Vers neuf heures du soir, le village de Pimprez situé à sept kilomètres de Noyon fut bombardé par les Français. On nous amène une femme blessée à la tête et au bras. La malheureuse était couchée avec ses huit enfants. Les quatre aînés âgés de 22, 17, 13 et 10 ans, furent tués, bras et jambes brisés et arrachés par les obus ».  Evoquant la vie des civils dans les villages du front, Caix de Saint-Aymour écrivit une autre version de cet événement : « (…) dans la nuit du 6 au 7 novembre 1914, un obus français tomba sur la maison de Mme Rondeau, débitant, place de l’Eglise, où était logée une famille de neuf enfants, dont quatre furent tués du coup – une fille de 22 ans, un garçon de 17  et deux petits de 9 et 5 ans. Cet accident ne se renouvela pas ». Si ces deux témoignages concordent sur les points principaux, ils ne sont pas confirmés par l’état civil de Pimprez imparfaitement reconstitué après guerre.

 

 


Monument aux morts de Pimprez et sa longue liste de victime civils (cl. JYB)



En revanche, une officialisation de ces décès put être faite lorsque les victimes des bombardements furent évacuées vers l’hôpital civil de Noyon pour y être soignées. En effet, celles qui y décédèrent furent inscrites dans les registres d’état-civil de la ville.

D’autre part, la ville de Noyon, bien qu’éloignée du front, fut bombardée par canons ou par avions sur ses points stratégiques que sont la gare, les carrefours routiers et les positions d’artilleries allemands. Il a pu advenir que des bombardements français aient pu toucher des quartiers habités par des civils.

Côté français, outre les villages du front, la ville de Compiègne fut le plus souvent la cible des bombardements allemands en raison de la présence de nombreux soldats. Les destructions d’habitations firent l’objet de publication de cartes postales.

Effet d’un bombardement rue Gambetta, à Compiègne, en 1915.






A compter de 1916, les secteurs stratégiques (gares, dépôts, usines…) subirent les bombardements par avions. L’Oise fut aussi survolée par des ballons dirigeables (zeppelins) en mission pour bombarder les capitales anglaise et française. L’un d’entre eux fut abattu au-dessus de Compiègne par la DCA le 17 mars 1917.

 


Carte postale des vestiges fumant du Zeppelin abattu au-dessus de Compiègne.

 Les victimes des bombardements de représailles



Avec les dernières offensives de 1918, l’Oise fut de nouveau la proie des bombardements. Plusieurs centaines d’obus de pièces à longue portée, de torpilles et de bombes d’avions ou de zeppelins furent envoyées sur les principales villes du département, sur les nœuds de communications et sur les usines. Ces bombardements de représailles avaient pour but de contribuer à la démoralisation de la population.

Compiègne, ville symbolique où siégeait le GQG, fut ainsi une cible privilégiée de l’aviation allemande. Ainsi, le 22 mars 1918, un dépôt de carburant fut incendié par l’aviation ennemie et l’hôpital du Rond Royal, où exerçait le Dr Carrel, fut touché et dut être évacué. Quatre jours plus tard, quarante bombes tombèrent sur la ville lors d’un raid aérien. La ville connut un bombardement massif par l’artillerie lourde notamment à partir de l’avancée allemande jusqu’au Matz. Entre le 8 juin et le 21 septembre, pas moins de 4.000 obus furent lancés sur Compiègne détruisant 400 maisons et en endommageant mille autres.

Effet d’un bombardement allemand sur Compiègne, rue des Trois-Barbeaux, en 1918.



Beauvais fut bombardé une première fois dans la nuit du 18 au 19 avril par des avions allemands. Dès lors, des mesures de préservations furent prises : les archives et les œuvres d’art furent déplacées, les verrières de la cathédrale et de l’église Saint-Etienne descendues et mises à l’abri tandis que les pensionnaires de l’hospice étaient évacués vers le Centre et le Midi de la France. La ville fut attaquée de nuit par l’aviation allemande à sept autres reprises entre le 21 mai et le 11 juin. Les habitants se réfugièrent dans les caves, les carrières ou les villages environnants. Les deux cents projectiles tombés sur Beauvais tuèrent pourtant trente-cinq personnes dont vingt-quatre civils et en blessèrent trente-huit dont treize civils. Ils occasionnèrent la destruction complète de trente-cinq maisons et en rendirent inhabitables quarante-quatre autres. Encerclée par les bombes et torpilles, la cathédrale fut épargnée.

 


L’ouvroir Saint-Vincent de Beauvais bombardé en juin 1918.

La ville de Crépy-en Valois, quant à elle, reçut 317 bombes dans la seule nuit du 1er au 2 juin 1918. Puis, dans la nuit du 3 au 4 juin, la fabrique de meubles de Maxime Clair fut détruite par un incendie qui fit l’honneur d’un communiqué allemand.

D’autres communes de l’Oise subirent des bombardements de représailles : Breteuil, Crèvecœur-le-Grand, Allonne, Rantigny, mais aussi Pierrefonds où furent touchés la chapelle du château, le chœur de l’église et l’hôpital militaire installé dans le parc de l’ancien Hôtel-des-Bains. Curieusement, tandis que Creil, cité industrielle et nœud ferroviaire, subissait des bombardements en mars, mai et juin 1918, le village rural de Monchy-Saint-Eloi reçut quelque quarante torpilles allemandes sans qu’aucun enjeu stratégique ne l’explique.

 

La dernière ville bombardée de l’Oise fut Compiègne, le 2 septembre 1918. Avec le déportation, les bombardements furent la cause principale des décès de civils durant la Première Guerre mondiale.