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GOUVIEUX DURANT LA GRANDE GUERRE

A la mobilisation générale, la baronne Laura-Thérèse de Rothschild décide de mettre à disposition de l’autorité militaire l’hôpital civil qu’elle avait créé en 1891. Devenu l’hôpital auxiliaire n°33, cette structure de vingt-et-un lits est administrée par cinq religieuses de la Sagesse, sous la direction de Sœur Sainte-Vincente. Le docteur Ehrhrat dirige le service chirurgical, secondé par le docteur Vincent.

C’est le 3 septembre 1914 que Gouvieux connait l’invasion allemande. Plusieurs civils imprudents sont pris à parti par les soldats allemands dans des circonstances mal élucidées. Trois de ces victimes seront conduites à l’hôpital auxiliaire n°33. Gaston Gerg et sa sœur Mathilde Auger y décèdent. Les colonnes allemandes traversent la ville mais ne s’attardent pas. Un obus cependant tombe sur le mur d’une école, sans faire de victimes. Le 9 septembre, les troupes françaises pénètrent dans Gouvieux sans combat.

Libéré de l’occupant allemand, l’hôpital auxiliaire n°33 soigne quatre premiers blessés français le 10 novembre 1914. A compter de janvier 1915, ses lits seront tous occupés jusqu’au 9 avril 1918, date de l’évacuation de l’hôpital en raison de l’offensive allemande sur la Picardie.

Gouvieux est alors régulièrement survolé par des avions bombardiers de jour comme de nuit, provoquant le départ de la population. Gouvieux subit d’ailleurs un important bombardement dans la nuit du 1er au  2 avril 1918. Un terrain d’aviation est installé courant juin 1918. La menace s’éloigne à partir de septembre 1918. D’octobre 1914 à juin 1919, l’hôpital de la baronne James de Rotschild, aura reçu 492 blessés militaires.

 

Liste des morts civils pour la commune de GOUVIEUX

Auger Mathilde née Gerg
37 ans, mortellement blessée le 3 septembre 1914, elle décède le jour-même à l’hôpital James de Rothschild.
Avec son frère et sa mère, ils se dirigent vers les ponts qui ont sauté lorsqu'ils croisent une patrouille allemande qui leur ordonne de s'arrêter. Le jeune homme fait faire demi-tour à l'attelage. Aussitôt, les Allemands tirent, blessant mortellement Mathilde Auger et son frère. La mère est blessée. Mathilde Auger et son frère décède à leur arrivée à l'hôpital de Gouvieux. Son nom figure sur le monument aux morts communal.

 

Gaston Gerg
16 ans, tué le 3 septembre 1914.
Le tome 5 des Rapports et procès-verbaux d’enquête de la commission instituée en vue de constater les actes commis par l’ennemi en violation du droit des gens (1915) relatent les circonstances de son décès d’après le témoignage de sa mère, Aline Gerg-Lassiège : « Le 3 septembre [1914], je me rendais à Chantilly avec mon fils et ma fille, dans le tilbury de M. Schilds, quand, en arrivant à la Canardière, on nous a prévenus que les ennemis étaient à proximité. Mon fils a fait faire alors demi-tour à la voiture ; mais à peine étions-nous repartis dans la direction de Gouvieux, que des Allemands tiraient sur nous. Ma fille et mon fils, grièvement atteints, sont morts le même jour des suites de leurs blessures. J’ai eu le ventre labouré par une balle, et j’ai dû passer un mois à l’hôpital. Je ne suis pas encore guérie. »

 

Descorps Paul
17 ans, mécanicien, tué le 3 septembre 1914.
Le tome 5 des Rapports et procès-verbaux d’enquête de la commission instituée en vue de constater les actes commis par l’ennemi en violation du droit des gens (1915) relatent les circonstances de son décès  d’après le témoignage du secrétaire de mairie Pierre-Emile Jeannot : «  [le 3 septembre 1914], le nommé Paul Descorps, âgé de 17 ans, mécanicien, s’étant  dirigé vers Creil à bicyclette pour y voir les dégâts commis par l’ennemi, a été tué dans des circonstances qu’on ignore, au lieu-dit Les Egoulies, territoire de Gouvieux. On a trouvé son cadavre le 9 septembre, sous une mince couche de terre ? D’après les constatations médicales, il avait reçu un coup de baïonnette à la gorge. La bicyclette toute neuve, qu’il avait emprunté à un voisin, avait été volée ».
Sa mère, Anne-Marie Descorps - Le Moullec précise dans son témoignage qu’il « portait deux blessures : l’une au dos, produite par un coup de feu ; l’autre à la gorge, par un coup de sabre ».

 

Keith Aloys
Domicilié à Gouvieux. Beau-père du cafetier M. Simon assassiné à Senlis, il est trouvé grièvement blessé à Pontarmé le 2 septembre 1914 comme le narre Loup Bertroz dans son ouvrage Senlis pendant l’invasion allemande de 1914 (voir Simon) : « Cependant, M. Keith, placé en avant de la patrouille fut conduit sur la route de Pontarmé. C’est dans ce village que, peu après, une ambulance française le trouva très grièvement blessé. Trop faible pour raconter ce qui s’est passé, M. Keith fut transporté à l’hôpital Lariboisière, à Paris. Il y succomba après dix jours de souffrances terribles. On pense que, blessé, il aura voulu gagner Survilliers pour, de là, prendre un train à destination de Paris, mais que la fatigue et la douleur l’auront arrêté. »
Son nom figure sur le monument aux morts communal.
(voir aussi Senlis)

 

Simon Louis
36 ans, débitant de café tué le 2 septembre 1914.
Originaire de Gouvieux où il tenait un hôtel restaurant cité Faligon, il est cafetier à Senlis au "Café du Point du Jour". Il est tué dans son café par les Allemands tandis que son beau-père Aloys Keith était venu lui rendre visite.
Dans son ouvrage Senlis pendant l’invasion allemande 1914, Loup Bertroz livre ce témoignage : « Le 2 septembre, vers 3 heures de l’après-midi, une dizaine de soldats font irruption dans le café-débit de tabac exploité par M. Simon, situé place Saint-Martin, à l’angle des rues de la République et Vieille-de-Paris. M. Simon terminait à ce moment son déjeuner, en compagnie de son beau-père, M. Keith.
- A boire ! commandent ces brutes dans les yeux desquels se lit déjà la lueur de l’ivresse ; à boire !
Simon se précipité pour les servir ; et pendant que les uns s’abreuvent largement, les autres s’emparent du tabac et pillent les marchandises d’épicerie qui se trouvaient dans le magasin.
- A boire ! à boire ! encore et toujours !
Il n’y a plus de vin tiré. M. Simon fait descendre à la cave son beau-père et le garçon de café, on remonte des bouteilles de bordeaux. La chaleur du Saint-Emilion réveille ces forcenés qui déjà somnolaient
- Du vin ! et plus vite !
Et comme le service leur semble long et mal fait à leur gré, ils saisissent violemment par le bras MM. Simon, Keith et le garçon.
- Vous avoir tiré sur nous ! vous fusillé !
Simon proteste, très dignement. Jamais il n’a tiré, et d’ailleurs, il n’y a jamais d’armes chez lui, ce point important nous a été confirmé par Mme Simon, elle-même. En réalité, des soldats français tirailleurs algériens ou zouaves, on ne sait au juste, les deux peut-être, embusqués derrière des maisons de la place Saint-Martin, avaient tiré sur la patrouille allemande. Simon n’eut pas à protester davantage de son innocence ; mis au mur, il fut exécuté sans jugement et mourut sur le coup. Il était à ce moment 4 heures de l’après-midi. Le garçon de café, lui, avait pu s’échapper. »
Son nom figure sur le monument aux morts communal.
(voir aussi Senlis)