La commune de Morlincourt connaît l'invasion allemande dès le 30 août 1914. Une partie de ses habitants étant demeurée sur place, les hommes en âge de se battre sont faits prisonniers et déportés en Allemagne. Le maire Gaston de Roucy subit le même sort et décède en déportation.
La commune est libérée le 18 mars 1917 suite au repli allemand "Alberich", mais les habitants ont été déplacés, les "bouches inutiles" vers Noyon, les autres à l'arrière des nouvelles lignes. Le village, quant à lui, est totalement détruit par les Allemands appliquant la stratégie de la terre brûlée.
La commune redevient française pendant une année mais demeure en zone avancée sous contrôle militaire strict.
Morlincourt est de nouveau envahi le 25 mars 1918 mais ses habitants ont eu le temps de fuir sur ordre d'évacuation de l'armée française et dans la crainte de vivre une nouvelle occupation.
La commune est libérée le 30 août 1918 notamment par le 4e Zouaves mais n’est plus que ruines à la suite des bombardements.
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de Roucy Gaston Marie Né le 23 juillet 1855 à Abbeville (Somme), Charles Gaston Marie de Roucy est le fils d’Adrien de Roucy (1829-1894), conseiller municipal de Noyon, et de Fanny Firminie Elise de Vismes (1837-1866). Le 25 juillet 1883, il se marie à Eu (Seine Maritime) avec Marie Eulalie Ernestine Marguerite de Chauvenet. De cette union naîtront cinq enfants, Madeleine (1886-1962), Jean (1891-1967), Colette (1892-1974), Albert (1894-1948) et Adrien Antoine (1898-1962). Officier de réserve, propriétaire éleveur à Morlincourt (Oise), il est maire de cette commune de 1887 à 1915. Son épouse est présidente de la Croix Rouge de Noyon. La famille de Roucy est notée, en 1911, demeurant rue d’En Haut, dans le château construit vers 1785. Logent à leur côté pour le service de la maison une domestique, un cocher et une femme de chambre. Le 2 septembre 1914, tandis que ses deux fils et son gendre sont mobilisés, son épouse décède à Noyon, place Saint-Barthélemy. Noyon est alors occupé par les troupes allemandes depuis le 30 août. Retenu prisonnier en 1914 dans un pavillon de l’école de Morlincourt, il parvient à informer par lettre de sa situation le maire de Noyon, Ernest Noël. Venu à son secours, ce dernier le trouva calme et courageux : « Je suis prisonnier pour une cause que j’ignore. Il paraît que, de la commune, on aurait fait des signaux aux Français ». Il s’agissait, en fait, de paroissiens réunis autour d’une lumière dans l’église pour prier pour les soldats au front. Selon Ernest Noël, Mme de Roucy et ses enfants étaient enfermés à leur domicile avec des filles publiques. Enlevé de Morlincourt par les Allemands en décembre 1914 comme otage civil, Gaston de Roucy décède en déportation à Wetzlar (Allemagne, province de Nassau, Land de Hesse) le 1er mars 1915. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume par décret du 21 septembre 1923 : « Fait prisonnier par les Allemands, parce qu’il voulut s’opposer au pillage de sa commune, il fut envoyé, en septembre 1914, au camp de Wetzlar où il succomba en 1915. ».
Son fils Jean sera élu maire de Morlincourt en 1919 et travaillera à la reconstruction de sa commune. Gaston de Roucy sera inhumé à Noyon le 15 janvier 1926. Son nom et celui de sa femme figurent sur le monument aux morts de Morlincourt inauguré en 1927.
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De Roucy Marie Eulalie Ernestine Marguerite née de Chauvenet 50 ans. Née le 2 juillet 1864, fille d’Albert Balthazard Claude de Chauvenet et de Marie Louise Valentine Aubé de Braquemont, elle est l’épouse de Gaston de Roucy, châtelain et maire de Morlincourt. Elle décède en l’hôpital auxiliaire n°31, place Saint-Barthélemy, à Noyon le 2 septembre 1914 à 10 heures du matin. Son nom figure sur le monument aux morts de Morlincourt.
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Pilot Charlotte née Maître Née le 18 août 1873 à Noyon, fille du manouvrier Pierre Maître et de Marie Arthémise Rousseau, cette piqueuse de chaussures épouse à 20 ans, le 13 juillet 1893, Emile Eugène Pilot, cultivateur de 26 ans natif de Morlincourt où il réside. De cette union vont naître à Morlincourt, rue du Bouillon, Louis (1897), Maurice (1804), Albert (1905) et Simone (1907). Occupé par les Allemands entre 1914 et 1917, le village connaît une nouvelle invasion entre le 25 mars et le 30 août 1918, période durant laquelle les civils demeurés sur place sont abandonnés à leur sort sous les bombardements. Selon les souvenirs de la famille, à la libération, Charlotte Pilot aurait été trouvée morte de faim dans les décombres de son habitation.
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